Agriculture

Ernst Landolt
Le Marché national des parcs suisses le montre chaque année : l’agriculture est un élément central de l’identité des parcs. En flânant entre les stands, sur la Place fédérale, le public peut constater à quel point les produits du terroir contribuent au caractère distinctif de chaque parc. Avec les yeux, le nez et le palais, les visiteuses et visiteurs se forgent une image vivante de la richesse des spécialités culinaires suisses. Le pouvoir des sens joue alors un rôle essentiel. Qu’il s’agisse de fromage, de viande séchée, de miel, de pâtisseries, de vin ou de jus de fruits, tous ces délices sont en quelque sorte ennoblis par le label « parc naturel ». Un terme qui, à lui seul, suscite des émotions positives chez les consommatrices et consommateurs. Au stand schaffhousois, une citadine zurichoise l’a très bien résumées : « Les produits alimentaires d’un parc naturel régional sont par définition bons et sains. Point. »

Le mot magique : « image »

Les agricultrices et agriculteurs débattent régulièrement de la valeur, du sens et de l’utilité des parcs naturels. C’est une bonne chose car de telles discussions montrent que le sujet concerne véritablement le monde agricole. Les politiques s’y intéressent aussi régulièrement, notamment lorsqu’est venu le moment de financer une nouvelle phase d’exploitation. Les représentant·e·s des parcs doivent alors déployer toute leur force de persuasion, en avançant des arguments convaincants. Il est essentiel de montrer tout ce que les actrices et acteurs des parcs, telles que les exploitations agricoles situées dans leur périmètre, apportent à la région. Mais un autre argument irréfutable plaide en faveur de l’existence de tout parc naturel : son image. Toute région dotée d’un parc naturel jouit d’une réputation garantie par la loi : celle, pleinement justifiée, de terres à la fois belles, attrayantes et prisées.

L’agriculture joue un rôle central

L’attrait d’un parc repose avant tout sur ses valeurs naturelles, qui nécessitent un aménagement attentif. Dans ce domaine, l’agriculture joue un rôle clé, en sa qualité de gestionnaire des paysages. Ainsi, le Klettgau, dans le canton de Schaffhouse, est considéré comme une région modèle de la Stratégie suisse pour la biodiversité. Il a été désigné « Paysage de l’année 2023 ». Ce prix récompense tout un groupe d’agricultrices et d’agriculteurs pour leur promotion de la biodiversité et le partenariat exemplaire développé avec différents acteurs en faveur de la nature.

Au-delà de cette reconnaissance, un constat s’impose : des paysages culturels intacts et diversifiés – biodiversité incluse – exercent un fort pouvoir d’attraction. Ils séduisent autant les personnes qui vivent dans ces régions que celles qui choisissent d’y séjourner, précisément pour les caractéristiques propres aux parcs naturels. Si les gens aiment s’y attarder, c’est que l’agréable association du parc et de ses richesses paysagères, naturelles et gustatives leur procure un sentiment de bien-être et permet de se ressourcer.

Pour la population locale, le parc naturel est souvent perçu comme une évidence et semble n’avoir rien d’exceptionnel. Mais lorsque les habitant·e·s prennent conscience de la valeur de leur cadre de vie (grâce à une communication régulière du parc, par exemple), cela renforce leur identification à la région et, en fin de compte, leur joie de vivre. Un climat social positif en découle, dont l’agriculture profite également.

Une relation précieuse aux bénéfices mutuels

Le sentiment d’attachement à sa région mérite aussi d’être encouragé auprès des agricultrices et agriculteurs. Et ce, en tant que reconnaissance d’un privilège. Le simple fait que mon exploitation soit située dans un parc naturel peut contribuer à une meilleure perception et une plus grande sympathie de la population à l’égard de l’agriculture. Cette façon de penser mériterait de gagner du terrain dans les milieux agricoles. D’autant plus que ce sont les familles paysannes qui, par leur gestion compétente du paysage culturel, façonnent les parcs naturels.

De cette gestion découle une relation aux bienfaits véritablement réciproques : la région du parc naturel bénéficie de la valeur ajoutée économique, écologique et sociale des exploitations agricoles, tandis que l’agriculture profite, en plus du potentiel de labellisation de ses produits, de l’image positive associée au parc naturel. En bref : une dynamique « gagnant-gagnant ». Il est donc stratégiquement très important de communiquer clairement et largement sur les synergies entre agriculture et parcs naturels, afin de maintenir ouverte à long terme la voie vers un avenir commun et durable.